Dans le cadre du nouveau jeu de grattage « Mission Nature », 20 projets de restauration de la biodiversité sont mis en œuvre. Retour sur le projet en faveur du Gypaète barbu, piloté par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).
« Notre projet vise à restaurer la population de Gypaètes barbus entre les Alpes et les Pyrénées et à renforcer les échanges d’individus entre ces deux massifs. Il contribue de manière significative au grand retour du Gypaète barbu en France ! » s’exclame Cédric Marteau, directeur du Pôle de la protection de la nature à la LPO.
Le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) est un rapace nécrophage de grande envergure. Surnommé « le nettoyeur des alpages », il joue un rôle sanitaire essentiel en se nourrissant de carcasses d’animaux morts ce qui permet de réguler la propagation des maladies dans les populations animales.
Après avoir disparu des massifs alpins à cause d’une chasse intensive dans les années 1920, l’espèce a bénéficié de premiers programmes de réintroduction dans les Alpes dès 1978 puis dans le Massif central dès 2012.
Aujourd’hui, la population présente en France est estimée à seulement 80 couples, chiffre insuffisant pour assurer la pérennité de l’espèce sur le territoire.
« Il a fallu près de 50 ans et la libération d’environ 130 oiseaux en France pour assister au retour timide des premiers noyaux de populations de l’espèce. Bien que nous puissions nous féliciter des progrès acquis avec plusieurs signes encourageants comme l’installation d’un premier couple dans le Massif central ou la reproduction réussie de deux couples dans le Vercors, l’espèce tarde à reconquérir ses territoires historiques. » précise le directeur.
Pour sauver le Gypaète barbu, le projet financé par Mission Nature repose sur trois piliers : des opérations de translocation, la limitation des menaces et l’amélioration de l’acceptation sociale.
« Dès le lancement du projet, nous organiserons un « relâcher » de rapaces nés en captivité, dans le massif du Vercors et dans les Grands Causses. Dès leur envol, ils seront ensuite suivis grâce à une balise placée sur les oiseaux. Ces suivis se poursuivront ensuite tout l’hiver pour garantir que les individus se portent bien », détaille Cédric Marteau.
« Éleveurs et populations locales seront également impliqués dans cette initiative pour contribuer à la préservation de ces oiseaux emblématiques des montagnes. » Ce projet jouera un rôle central dans la restauration de populations viables de Gypaètes en Europe. Il profitera des enseignements des programmes précédents et constituera ainsi un véritable laboratoire de bonnes pratiques, en matière de réintroduction d’une espèce sauvage et de gestion de grande ampleur de l’espèce.
« A mes yeux, la protection du Gypaète, œuvre vivante, est aussi importante que la préservation des trésors de Léonard de Vinci, de Rodin ou de Soulages. La préservation de la nature répond aux mêmes fondamentaux que la protection de la culture. Nous devons faire front commun ! », conclut Cédric enthousiaste.